Attaque de serpent à Angkor

La vie d’un explorateur est ponctuée de découvertes, merveilleuses et parfois terribles. Son chemin est aléatoirement parsemé de moments de chance ou de malchance et il appartient à ce dernier de choisir son état d’esprit face à l’adversité que peut revêtir le voyage.

La faim, la fatigue, le froid, la maladie et tous les autres besoins primaires sont – plus qu’ailleurs – mis à l’épreuve dans le quotidien du backpacker. Anne et moi vivons cette vulnérabilité comme une victoire du « goût de l’aventure sur l’amour du confort ». C’est une merveilleuse opportunité de grandir tout en restant jeunes et alertes, en pleine conscience du formidable terrain de jeu qu’offre cet environnement exotique.

Nos premières expériences cambodgiennes s’inscrivent dans la liste de ces rares instants d’infortune que compte notre tour du monde. Quelques peu malmenés par une journée de bus brimbalant suivie de deux trajets en avion, nous rejoignions Siem Reap. Cette grande ville cambodgienne est le camp de base pour la découverte des temples d’Angkor.

Anne et moi souffrons alors de douleurs abdominales et de fièvre depuis notre départ de Birmanie et les transports ont été éprouvants. A peine remis sur pieds, nous décidons de partir à l’assaut de la septième merveille du monde. Nous partons à quatre heure et demi du matin pour être au plus tôt sur le site et ainsi tenter de fuir les hordes de touristes chinois qui hantent par milliers le site dès le soleil levé.

Les feux de nos scooter électriques, fendent l’obscurité dans un silence furtif et nous rejoignons le temple du Bayon, plus reculé, où n’affluent pas encore les foules. La féérie des temples alentours exerce sur nous une forme de fascination. Racines tropicales et vielles pierres s’entremêlent pour former des architectures mystérieuses et surnaturelles. Comment des vestiges d’une telle puissance ont-ils pu tomber dans l’oubli? Face à l’abandon de l’Homme, la nature a visiblement fait sienne ces murs sacrés et comme par enchantement leur a donné une seconde vie.

 

La tête en l’air à observer les magnifique bas-reliefs de la terrasse des éléphants, je n’ai pas vu le serpent vert près duquel j’ai posé mon pied. J’ai senti les crochets à venin de l’animal s’enfoncer dans ma cheville gauche. Puis voyant le serpent, je me suis brusquement écarté et dans la maladresse de l’instant, me suis ouvert le pied sur pierre tranchante. Quelle malchance !

Rapidement avertis par talkie-walkie, les gardiens du site nous rejoignent sur place. L’événement doit être rare au vue de l’excitation qui règnent.

Anne et moi gardons notre calme, mais sommes un peu déboussolés par l’inconnu dans lequel nous venons d’être violemment projetés. A ce moment là, nous n’avons aucune idée de la chronologies des événements à venir, nous ne mesurons pas l’impact ou les risques que cela implique. Il nous faut quelques minutes pour reprendre nos esprits et prendre la décision de nous rendre à l’hôpital. Rapidement les questions logistiques s’imposent à nous. Où est l’hôpital ? Comment le savoir sans un accès à Internet ? Nos scooters électriques aurons t’ils assez d’autonomie pour nous y emmener? En serais-je au moins capable physiquement ?

Un des gardiens nous propose de faire appel à la police touristique qui dispose d’un véhicule. Un quart d’heure plus tard, nous entrons dans la voiture officielle et demandons aux fonctionnaires de nous mener au Royal Angkor International Hospital. Nous remontons à contre-sens la marée de touristes qui rend notre progression lente et difficile. A peine arrivés aux urgences, on me tend un terminal de paiement. En attendant l’aval des assurances, il faut faire une avance de 500 US Dollars. Le sens des priorités et de l’urgence nous surprennent quelques peu – tant bien avec les personnel de l’hôpital qu’avec notre assureur qui nous accable de démarches administratives.

Quelques variations de la vitesse de coagulation de mon sang dues au venin poussent les médecins à me garder vingt-quatre heures sous observation dans cet hôpital propre et confortable. J’enchaine les examens et prises de sang. Je garde la sourire malgré tout.

Dans ma mésaventure, j’ai bénéficié d’une chance incroyable puisque la quantité de poison injectée par le serpent a été minime. Chaque année, au Cambodge sont recensés 1500 cas morsures de serpent. Un tiers sont mortelles et un autre tiers donnent lieu à de graves séquelles ou amputations. J’avais donc une chance sur trois de m’en sortir indemne.

Nous sortons de l’hôpital en pleine forme et allégés de 800 dollars. Nous sommes heureux d’être en bonne santé et ne manquons pas de faire la fête le soir venu pour célébrer notre victoire.

Plus de peur que mal.

4 commentaires sur “Attaque de serpent à Angkor

  1. coucou les enfants, après ce beau reportage, si si Doudou tu écris vraiment très bien !! les photos sont magnifiques et votre dépouillement total ou presque !!
    Bonne continuation, ici en ce moment il fait très froid et beaucoup de régions sont sous la neige…
    On ne vous quitte plus, je vous embrasse, OMA

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